– Último tango en Rosario / L’Art de se taire – El Arte de callar
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cahier critique de poèsie
Mars 31, 2016
Rodolfo Alonso: Dernier tango à Rosario --- Último tango en Rosario / L´Art de se taire --- El arte de callar
por DANIEL LEQUETTE
cahier critique de poèsie
Mars 31, 2016
Rodolfo Alonso: Dernier tango à Rosario --- Último tango en Rosario / L´Art de se taire --- El arte de callar
por DANIEL LEQUETTE
PAR DANIEL
LEQUETTE
Voici deux livres
qui se complètent pour appréhender l’un des représentants les plus importants
de la culture argentine contemporaine : l’anthologie publiée chez Al Manar
(sans notes, sans dates, aux traductions très inégales) présente une veine
particulière du poète : l’écriture lapidaire, correspondant à sa définition de
l’arte povera, et une thématique très resserrée, élémentaire, où domine la
volonté de saisir par le souffle, la voix, l’incandescence de l’instant : « ciel
/ cerné / terre qui brûle ». Le recueil publié par Reflet de lettres, inaugurant une collection bilingue d’écrivains
argentins, répond davantage aux attentes du lecteur d’anthologies. C’est un
journal d’expériences, de rencontres, d’évocations (Camus, Swift, Hernandez,
etc.) prenant chacune une expression différente adaptée à ses significations,
aux émotions qu’elle suscite : protéiforme et pourtant toujours
reconnaissable, une voix singulière passe de la peinture nostalgique des cinémas
de quartier à la dénonciation des multinationales, de la remémoration émue des
chansons enfantines aux variations sur une phrase de Wittgenstein en passant
par l’évocation douloureuse d’une mère dont l’enfant devenu vieux se demande
toujours « Que cria-t-elle en se taisant ? On peut y voir le portrait d’un homme de
culture qui a été de tous les combats esthétiques et politiques, affrontant ses
multiples contradictions et cherchant, dans la forme poétique, les ressources
pour leur donner toute leur puissance déflagrante tout en les ordonnant « Tu
n’en as pas fini / tant que brillera implacable la lumière qui désordonne /
Tout qui doit se dire ou être aimé ». Cela donne par delà la diversité
formelle une écriture d’entrelacs de sens et de sons qui fascine, entraîne et
dont les clés peuvent se trouver en particulier dans l’hommage à Aldo le pèlerin
« attiré ... Par la contradiction tantalesque des opposés » que « la
poésie... enchantait Mais [dont] la vie fut [le] Phénix », qui résonne
comme un art poétique en même temps qu’un art de vivre.
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